dimanche 24 février 2013

Rappel sur la "ligne éditoriale" du blog

Le blog est progressivement en train d'être lancé, de part le "rapatriement" progressif de plusieurs de mes documents en rapport avec mes idées politiques.


Le blog pourra traiter de tous les sujets politiques possibles : le point de vue sera, tantôt celui d'un homme de gauche (ou qui aimerait tant être de gauche), tantôt celui d'un critique du clivage gauche-droite. Les positions de base qui sous-tendent le reste de l'argumentaire sont le rationalisme et le scepticisme.

La "ligne" qui y sera diffusée consistera à regarder le monde tel qu'il est, de façon rationnelle et critique. On posera les questions relatives au fait de savoir où aller et par où passer, lorsque l'on a pour objectif de créer une société plus avancée et égalitaire. C'est une "ligne" exigeante car elle ne fait pas appel au sacrifice de l'individu au service d'illusions ou d'une doctrine irrationnelle.

Le blog se fera l'écho d'idées rationalistes en sciences et en religion, diversement "progressistes" ou critiques en politique, et plus ou moins personnelles ailleurs.

Il y aura un article sur ma conception du clivage gauche-droite : ce que j'en pense, pourquoi je trouve qu'il est artificiel et réducteur. Loin des moralismes de droite et de gauche, j'explorerai la possibilité d'une politique "opportuniste", dépendante de notre stade d'avancement technique et d'intégration politique.




dimanche 10 février 2013

Blog "tu penses comme tout le monde"

Il s'agit d'un blog (tumblr) d'un ami sceptique, Olivier Chacornac, qui poste sous le pseudonyme de Poulpeman sur les forums sceptiques. Il se trouve ici : http://tu-penses-comme-tout-le-monde.tumblr.com/

Il est très orienté en faveur de l'anarchisme, certes, mais on y trouve des réflexions parfois assez intéressantes...

A la prochaine !

Théorie de la Justice, John Rawls



Théorie de la justice de John Rawls, publié en France aux éditions du Seuil, est un livre que j'ai acheté il y a déjà pas mal de temps (en pensant que j'allais faire une bonne affaire en achetant 11 € un livre de 600 pages écrites en petit...).

Pour commencer, John Rawls est un philosophe américain, qui a enseigné dans de nombreuses universités prestigieuses de la côte Est américaine (Princeton, Harvard, etc). Son oeuvre se centre sur le libéralisme politique - au sens américain - et l'idée de justice en particulier.

Dans Théorie de la Justice, qui restera comme l'un des ouvrages les plus commentés de la seconde moitié du vingtième siècle, il expose, comme son nom l'indique, sa conception de la justice.

Il voit ainsi la justice comme équité ("justice as fairness"), et, dans la tradition du contrat social, se base sur le concept de "position originelle", une abstraction où toutes les différences entre les hommes seraient effacées, et ceux-ci ne connaîtraient pas leur position réelle dans la société, cachés qu'ils sont derrière un "voile d'ignorance". Dans ces conditions, la conception d'une société juste adoptée par l'individu moyen devrait suivre le principe du "maximin", c'est-à-dire maximiser les perspectives des membres les moins fortunés.

Au bout du compte, deux principes de la justice seraient adoptés :
le principe d'égale liberté est le suivant : « Chaque personne a droit à un système pleinement adéquat de libertés de base égales pour tous, compatible avec un même système de liberté pour tous », quant au second : « Les inégalités sociales et économiques doivent satisfaire à deux conditions : elles doivent d’abord être attachées à des fonctions et à des positions ouvertes à tous, dans des conditions d'égalité  équitable (fair) des chances (a), et elles doivent procurer le plus grand bénéfice aux membres les plus désavantagés de la société. (b, principe de différence) ».

Le premier principe couvre par exemple la liberté de participation politique, la liberté d'expression, de conscience, la possession personnelle et la protection contre l'arbitraire. De façon intéressante, ce premier principe ne couvre pas la propriété privée des moyens de production ni la liberté contractuelle. Au delà d'un niveau basique de développement économique, ce principe a la priorité sur le suivant.

Dans le deuxième principe, (a) a la priorité sur (b). L'égalité équitable des chances est une conception beaucoup plus exigeante de l'égalité des chances que celle utilisée généralement dans le débat courant. Il est aussi important de noter que d'après Rawls, on ne "mérite" pas ses dons naturels.

Rawls s'oppose par ailleurs à l'utilitarisme classique, qu'il considère comme excessivement conséquentialiste, voire machiavélien.

Le livre a été discuté et critiqué de tous bords, ce qui devrait suffire à vous faire comprendre l'influence qu'il a eu dans le débat à ce niveau-là. A noter qu'il existe des interprétations très diverses de Rawls, et qu'on l'a placé aussi bien à l'extrême-gauche qu'au centre-droit.

Je tiens à vous prévenir toutefois : le livre en lui-même est intéressant, mais il est très dense, et est à réserver aux purs fans de philosophie et/ou de politique qui au moins quelques notions des deux, ou même d'économie. Ou à ceux qui font des études de philosophie politique, ce qui est logique.

L'ouvrage a été traduit par Catherine Audard, qui avec Monique Canto-Sperber est l'une des principales figures du libéralisme social français. Je possède d'ailleurs son livre sur le libéralisme, et il est intéressant, loin des clichés répandus par les uns et les autres.


La gauche est-elle en état de mort cérébrale ?



J''ai finalement acheté le petit livre La gauche est-elle en état de mort cérébrale ? de Philippe Corcuff, sociologue français qui milite depuis longtemps à gauche, aux éditions Textuel.

Sans lien direct avec les thématiques de ce blog, ce livre contient à mon avis des idées intéressantes, à la fois - indirectement - pour critiquer le discours de certains psychanalystes  (je pourrais faire un article dessus, d'ailleurs), et se débarrasser de modes de pensée d'une "gauche radicale" stéréotypée, donc indirectement, critiquer des raisonnements "défectueux".
La thèse de l'auteur est que la gauche française a gagné alors qu'elle était intellectuellement moribonde. Cela peut sembler paradoxal avec le développement des think tanks et autres cercles de réflexion, mais d'après lui, ceux-ci ne sont que des symptômes de la professionnalisation et technocratisation de la politique, droite comme gauche, qui a abandonné toute vision globale et cohérente.

Après une très courte partie I, sorte de liaison entre l'introduction et le reste, l'auteur détaille en partie II les penchants qui l'irritent dans la gauche radicale française actuelle. Les principaux :

la tendance au complotisme : passage assez pertinent (vous le savez sûrement déjà, mais les théories du complot n'existent pas qu'à l'extrême droite). Je ne vous cache pas que c'est quelque chose qui tend aussi à m'agacer, dans la gauche radicale actuelle. Visiblement, l'auteur est critique vis-à-vis des positions politiques de Chomsky, qu'il décrit comme étant à la limite du complotisme, voire incarnant un complotisme "soft" (qu'il oppose au complotisme "hard", le négationnisme par exemple).
Bien que l'auteur, en opposition, mette évidemment l'accent sur les logiques "impersonnelles", institutionnelles et sociales, qu'il essaie de mettre en avant, cela ne l'empêche pas de garder un rôle à l'intentionnalité. C'est une vision dans laquelle je me reconnais assez.

l'essentialisme : ici, l'auteur dénonce l'emploi de termes qui renvoient à des généralités, dans les deux sens du terme. Il critique les positions de Caroline Fourest et d'autres, qu'il juge "laïcardes", critiques vis-à-vis de l' "Islam" en ignorant les multiples réalités que recouvre ce terme. C'est un point qui est peu développé ici. Dans un autre passage plus réveillant pour moi, il critique aussi les positions-"miroirs" de Terra Nova et de sa rivale Gauche Populaire, qui selon lui oublient que le terme "populaire" recouvre des réalités diverses.
Bref, le chapitre oscille entre conseils de très bon aloi et d'autres peut-être plus critiquables, selon la sensibilité de chacun, mais reste intéressant et pertinent tout du long.

- la tendance à privilégier le politique par rapport à l'expérimentation sociétale : je reproche souvent en effet à la gauche radicale de vouloir faire la révolution sans savoir où elle va, en pensant que le processus révolutionnaire engendrerait des conditions qui se dépasseraient d'elles-mêmes. On a pu voir par le passé où cet état d'esprit nous a mené (même s'il est vrai qu'on est plus modéré qu'autrefois).
Contre cela, Corcuff réhabilite l'expérimentation sociale, et je suis plutôt d'accord. La fin de ce court chapitre aborde de façon pertinente le langage, même si j'ai quelques réserves.

le collectivisme : un point intéressant. Corcuff rappelle que la gauche est historiquement individualiste et il critique l'anti-individualisme primaire d'une partie de la gauche radicale. A notre époque hautement individualiste, la gauche devrait nourrir un individualisme positif plutôt que de sans arrêt critiquer l' "individualisme".

La partie III est consacrée aux impensés de la gauche, on y aborde le rapport au temps, la décroissance, la professionnalisation de la politique, les "laïcards", le rapport aux médias...
Plus inégal, à vrai dire. Selon moi, Corcuff a raison de dénoncer la tentation de la nostalgie et de l' "avant-gardisme léniniste" (tendance un peu paternaliste qui consiste à croire qu'on connaît mieux le bien des opprimés qu'eux-mêmes), mais il faut faire le tri sinon. Parfois, on a même l'impression qu'il se contredit*.
J'ai des réserves sur sa critique de la technocratie (mais je la trouve pertinente pour dénoncer le risque d'une nouvelle dérive bureaucratique) : selon moi, la politique n'est pas qu'une affaire d'opinions, mais aussi de compétences, et ainsi il n'est pas inutile de créer des petits groupes d'experts par thématique, tout dépend comment c'est organisé. Mais il a raison de souligner que le système politique devrait être repensé pour éviter la professionnalisation à outrance.

En résumé, c'est un petit livre qui se lit vite. Si vous êtes de gauche, quelque soit votre sensibilité, je vous invite à le lire, juste histoire de vous faire une opinion et peut-être de le critiquer sur un point ou un autre.

*Par exemple, il soutient la discrimination positive, ce qui me semble en contradiction avec sa dénonciation de l'essentialisme.

Mon progressisme (2)

(Suite du précédent article, rapatrié de http://ineakis.blogspot.fr/)

Précédemment, j'avais parlé du caractère un peu paradoxal de ce que je vois comme mon progressisme.

Depuis, j'ai un peu réfléchi à ce sujet.
D'une part, je vois le progressisme comme étant l'antonyme logique du conservatisme. Pour moi, le conservatisme ne se définit pas que par le refus du changement, c'est aussi et avant tout le fait de vouloir garder (ou retrouver) un mode de fonctionnement politique correspondant à un certain mode de pensée, quand bien même celui-ci serait ancien, archaïque, et inadapté aux évolutions du monde et de la société. On pourrait appeler cela le "conservatisme de système", à distinguer d'un idéal de préservation plus général, sur lequel tout le monde pourrait se mettre d'accord. En réalité, les deux notions se trouvent le plus souvent en opposition l'une à l'autre.

Par contraste, le progressisme ne se définirait pas que par la volonté de changement, mais serait aussi la volonté de chercher, de s'intéresser même de loin à de nouveaux modes de pensée et/ou d'action, afin de pouvoir modifier notre mode de fonctionnement et/ou d'action politique lorsque celui-ci s'avère inadapté.

Mais dans ce cas, comment faire le tri ?

Pour moi la réponse est simple : le progressisme que je défends est un mouvement qui se fixe la justice (au sens de l'Idée de justice d'Amartya Sen, par exemple) comme but final, utilise la raison pour comprendre le monde, et cherche le moins possible à augmenter les injustices dans la poursuite de ses objectifs.

Cela peut sembler tout à fait raisonnable comme approche et comme définition, mais cela permet d'écarter un certain nombre de positions qui se disent progressistes, mais qui ne le sont pas vraiment.

Qu'en pensez-vous ?

Mon progressisme


(Article rapatrié de http://ineakis.blogspot.fr/)

Sur le plan politique, le label dont je me sens le plus proche (ou le moins en désaccord, on va dire) est celui de "progressiste", au sens où ce terme est généralement compris aujourd'hui.

Le paradoxe, en fait, c'est que je ne crois pas vraiment au "progrès" politique et social, dans l'absolu, car il y a toujours une part de subjectivité qui est liée à sa perception, selon les points de vue, les cultures, et autres facteurs. Bien sûr, je crois au progrès technique et scientifique - défini par la création de techniques suite à des découvertes scientifiques qui améliorent le bien-être* - mais c'est une notion relativement consensuelle dans notre monde occidental, et critiquée quasi-uniquement par certains post-modernes, des primitivistes et  écologistes caricaturaux, qui se situent eux-mêmes souvent à l'extrême-gauche de l'espace politique de nos jours, d'ailleurs.

Cependant, j'espère aussi éviter l'écueil de ce qu'on appelle le scientisme au sens le plus péjoratif du terme, entendu comme une confiance excessive accordée à la science, qui consistent à l'étendre dans des domaines qui ne lui appartiennent pas et à lui attribuer des pouvoirs qu'elle n'a pas, par exemple en la considérant comme seule source de réponses concernant les questions éthiques et philosophiques. Le scientisme "modéré", au sens de considérer la science comme seule source de connaissance valable, me semble en revanche très défendable, bien que je comprenne que certains le critiquent. Je suis partagé sur la façon dont le blogueur Massimo Pigliucci entend ce terme, en tout cas.

Reste que je suis "progressiste" dans le sens où je pense qu'il faut dépasser la "tradition", notamment lorsque celle-ci s'oppose à l'évolution de la société et piétine les libertés réelles des individus et la justice, dont ma conception se rapproche de celle de John Rawls et Amartya Sen, penseurs très connus dans le monde anglophone.

Je suis aussi ouvert à l'évolution du monde autour de moi, et ne regrette pas le passé (c'est un peu facile, vous me direz, parce que je suis jeune, mais je connais d'autres jeunes qui, pour une raison ou pour une autre, sont beaucoup plus réac que moi !).

Par ailleurs, je désire me baser sur une approche de la politique qui se veut assez rationnelle ; même si en même temps, je suis pragmatique et plutôt réformiste vis-à-vis de la démocratie, dans l'ensemble, et  préfère les réformes pas-à-pas aux révolutions violentes, sauf lorsque cela est vraiment nécessaire (pour se débarrasser d'un régime totalitaire par exemple ; et même là, on n'est pas sûr à 100 % que le régime que l'on mettra en place sera meilleur) .

J'écrirai peut-être un autre post sur le sujet pour détailler plus en détail mon point de vue, en relation avec les thématiques de ce blog.

*En fait, j'entends à peu près par progrès technique et scientifique ce qu'Axel Kahn appelle tout simplement le progrès : "Le progrès est la mobilisation de l'intelligence et de la créativité pour produire des connaissances et des techniques, et générer des richesses dans un but humaniste". L'aspect humaniste reste important en effet, même quand on parle de progrès technique et scientifique,car je ne considère pas la bombe atomique comme étant un progrès...

samedi 9 février 2013

Bienvenue sur le blog

Ce blog sera consacré à l'expression de mes idées politiques, je reviendrai également sur mes expériences avec la politique le cas échéant. J'essaie malgré tout de sortir des sentiers battus : en effet, je trouve le monde politique français - en général - sclérosé, dogmatique, idéologiquement arc-bouté sur certaines positions plus que critiquables (qui ne sont pas les mêmes selon les courants, mais qui sont toujours là) et/ou incapable de s'adapter aux évolutions de la société.

Malgré ma proximité avec le PS, je ne me reconnais véritablement dans aucun des grands partis français actuellement, en tout cas tels qu'incarnés par leurs dirigeants. Je suis aussi profondément déçu par l'exécutif actuel et l'attitude quasiment incohérente de certains de ses membres.

En complément de mon autre blog déjà existant, ce blog-ci abordera les questions politiques d'un point de vue plus général et pas uniquement sur les thèmes liés de près ou de loin à la bioéthique. J'espère y diffuser un regard plus neuf, qui s'écarte des modes de raisonnement les plus courants à l'heure actuelle, y compris parmi nos dirigeants les plus hauts-placés.

Avant d'y écrire de nouveaux articles, je commencerai par y rapatrier certains articles de http://ineakis.blogspot.fr/ en rapport avec la politique.

J'y posterais également des liens vers des sites de politique ou d'économie, et d'autres articles concernant des idées pour améliorer ou rendre plus juste le fonctionnement du système politique et/ou économique.